Recueillez un caillou et placez-le précautionneusement dans un four céramique. Montez le feu, 600°, 900°, 1200°. Quelques heures plus tard, ouvrez le four et constatez le résultat: votre galet a fondu comme la lave du volcan. Ou il a explosé, revenu à son état géologiquement antécédent de gravier. Ou bien, beaucoup plus rarement, il a conservé son volume et sa forme exacts, mais carrément changé de couleur.
C’est bien sûr cette propriété qui a retenu la curiosité de l’artiste et professeur de technologie céramique, Isabelle Tanner. C’est d’Italie, des Cévennes ou du Maroc qu’elle ramène les minéraux qui conviennent.
D’un coup de burin, elle divise un de cailloux en deux morceaux. L’un des deux sera cuit, l’autre pas. Mais c’est seulement les deux éléments une fois réunis que sera révélée l’alchimie vivante de ce monde immobile et silencieux.
Autre piste. La céramiste oppose d’un même geste les états liquide et solide du règne minéral, l’émail coule comme du lait sur le rocher scié. Poème pétrifié des premiers temps géologiques.
JC Schauenberg